Tamurt
Tanmurt signifie « la terre ou le pays » en langue kabyle. La Kabylie, cette région berbère du nord d’Algérie, est la terre qui m’a vu naître. Les démons de l’enfance et ceux d’une jeunesse mutilée embarqués dans mes bagages sur la route de l’exil, je n’ai pourtant jamais oublié cet endroit de ma terre. Au gré de souvenances paysagères, de rappels et de réminiscences revenant d’une enfance malgré tout heureuse, bien qu’elle fût difficile.
Depuis que j’ai quitté ma région natale, j’ai effectué plusieurs retours sur place. J’y suis retourné et dans chaque réapparition parmi les miens au sein de mon village, l’espoir demeurait toujours le même : retrouver ces souvenirs d’enfance, réparer ceux qui ont été abîmés et ressusciter ceux que les affres du temps qui passe ont assassinés.
Chaque retour est un nouvel déracienement dans l’enracinement. Mon coeur se déchire. Il me reste que a figer des instants du moment et parfois redonner naissance à d’autres.
L’instant est dur à le vivre, les coeurs usés par les espoirs déchus, l’amour cède peu à peu place à la haine et à la violence. La vie en communauté est devenue un fardeau.
La coexistence dans la bienfaisance et l’entraide se transforme progressivement en une vie dans la solitude. L’individualisme gagne du terrain. Nos aînés, ces livres jamais écrits et ces puits de sagesse se voient condamnés à l’effacement. Aux temps des nouvelles technologies, leurs savoirs-être et savoirs-faire riment avec naïveté et visions rétrogrades du monde… Certaines choses se gardent, heureusement, je garde toujours au fond de mon coeur, une lueur d’espoir pour tout un chacun parmi les miens. Cette lueur d’espoir que nul nébulosité ne pourra éteindre, je continuerai à la répandre partout où j’irai pour qu’un changement meilleur, une vie plus heureuse et un ciel plus azuré puisse tous nous unir et toujours nous réunir.